"De gueules au sautoir d'or chargé en coeur d'un
écusson d'azur au saint Christophe d'argent, au chef
cousu d'azur chargé de trois vires de deux pièces
d'argent."
Dans ces armoiries qui sont parlantes par l'écusson,
on a évoqué en outre, par le sautoir, le prieuré dépendant
de l'abbaye bénédictine de Saint-André de Villeneuve,
et par le chef, les cercles concentriques de l'autel
roman, qui symboliseraient en canons de fontaine,
les trois sources des vertus théologales : foi, espérance
et charité.
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Etymologie : A l'époque préromaine, le pays était
le siège de la peuplade des "Albici". Leur
territoire s'étendait jusqu'aux portes de Sault et le chef-lieu
était soit Riez, soit Albiosc qui conserve le nom de cette
peuplade dans sa forme grecque.
L'appellation "Albion" se retrouve dans
tous les textes médiévaux et désigne donc la région qui
s'étend de la montagne de Lure à la montagne de Lagarde.
ce terme est utilisé sur le plateau durant tout le Moyen-Age.
La racine pré-indo-européenne "Alb/Alp" signifie
"montagne" et ce mot est à l'origine des mots
"Alpes", "Alpilles" et bien sûr "Albion".
Cette même racine celto-ligure entre dans la composition
du dieu "Mars Albiorix", divinité alpestre symbolisant
la haute montagne. Une stèle au dieu topique fut découverte
sur le territoire de la commune au XIXème siècle.
Le nom de Saint Christol vient du fait que dans le Midi,
ce nom a été donné très tôt dans le haut Moyen Age aux paroisses
qui se trouvaient sur les limites de trois évêchés (Apt,
Carpentras et Sisteron). Le blason actuel de Saint Christol
réunit tous les Saint-Christolains autour d'un symbole unique.
Temps forts de l'histoire du village : Voici, en
résumé, les points les plus marquants de l'histoire du village
:
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Epoque préhistorique : Le plateau est couvert
d'immenses forêts et, à priori, sans habitats fixes
contrairements aux autres vallées environnantes. Mais,
dès le paléolithique, les hommes s'installent dans les
grottes de la Nesque (notamment au Baou de l'Aubésier),
puis au néolithique et à l'âge du bronze, la vallée
se peuple de plus en plus.
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Epoque préromaine : Le plateau est le siège
de la peuplade des "Albici". Le défrichement
est effectué par les Gallo-Romains. Sur une colline
située à 4 kilomètres au nord-ouest du village, sur
lieu dit "Villa de Saint-Just", de nombreux
tessons et une inscription votive ont été découverts
en 1866. De même, au lieu dit "Villa du Coulomb"
situé entre la ferme du Coulomb (zone militaire) et
le Grand Trou, on a découvert une citerne gallo-romaine,
des céramiques sud-gauloises et des monnaies et à la
ferme de la Loge, on a découvert des sépultures gallo-romaines.
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Moyen Age : Devant les invasions barbares, ses
habitats sont abandonnés par leurs occupants.
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En 576, les Lombards saccagent la Haute-Provence,
et un siècle plus tard, ce sont les Sarrazins qui
procèdent à des pillages. La forêt reprendra ses
droits jusqu'au XIème siècle.
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En 1082, les moines de Cluny fondent le Revest
et on assiste au renouveau des villages de Saint
Trinit, Ferrassières et Saint Christol. Les d'Agoult
vont régner désormais sur le pays d'Apt et de Sault
et confient la gestion du pays aux moines bénédictins
de Saint André de Villeneuve d'Avignon qui défrichent
de nouveau les terres du plateau.
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En 1096, Agoult et Simiane partent en croisade
à la suite d'Urbain II. Ils confient aux bénédictins
de Saint-André de Villeneuve d'Avignon, la gestion
et le développement du plateau dont ils avaient
la charge.
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En 1119, les moines bénédictins élèvent l'église
et défrichent les alentours.
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XIVème siècle :
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En 1381, Raymond d'Agoult lègue Saint Christol
à Briande d'Agoult (comtesse de Luna dite Sénébrune)
qui n'a qu'une fille qui se marie au roi d'Aragon
et laisse ses biens à Martin, roi de Sicile, son
petit-fils.
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En 1391, Raymond de Turenne, un languedocien qui
prétendait que le pape Clément VII l'avait privé
de terres et de revenus, arme une troupe de voleurs
et d'assassins et ravage le pays en brûlant les
maisons et en rasant l'église sauf l'abside.
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XVIème siècle : Les guerres de religion divisent
la France en deux camps et dégénèrent en guerres politiques
et civiles qui durent une trentaine d'années.
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En 1546, le Revest d'Albion fait construire des
remparts pour se protéger des pillages ; Saint Christol
ne l'ayant pas fait est dévasté et pillé.
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En 1561, Charles IX réunit à la Baronnie de Sault,
tous les fiefs et arrières fiefs possédés par le
Seigneur d'Agoult dont Saint Christol d'Albion fait
partie et érigea cet ensemble en Comté.
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En 1588, une verrerie est installée dans le château
; elle durera jusqu'en 1630.
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En 1599, les consuls de Saint Christol ont 6000
écus de dettes de guerre à payer et le village se
retrouve dans une grande misère morale et matérielle.
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XVIIème siècle : De l'avènement d'Henri IV à
la Révolution, le village va reconnaitre un développement
et une prospérité bien mérité.
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En 1613, à la mort de Chrétienne d'Aguerre, veuve
de François d'Agoult, le Comté de Sault passe à
la famille d'Agoult à celle de Créquy-Lesdiguières.
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En 1618, le village possède son école et le maistre
d'école est rémunéré 6 écus par an. Un chirurgien
est présent dans le vilage et est chargé "de
raser et de faire le poil, poser les ventouses,
faire les saignées...". Une sommation du prieur
de lever la dîme sur les agneaux est décrétée.
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En 1619, il est défendu d'aller avec les cochons
dans certains quartiers de la forêts afin d'éviter
les destructions du patrimoine forestier.
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En 1624, deux moulins fonctionnent dans le village,
l'un à vent, l'autre mû par des chevaux.
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En 1636, un notaire s'installe à Saint Christol
jusqu'en 1688.
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En 1644, Il est ouvert 6 fenêtres sur l'église
et un clocher en pierre de taille pour trois cloches
est construit.
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En 1651, un procès éclate entre la commune et le
prieur au sujet du paiement d'un prédicateur.
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En 1652, l'achat d'un saint ciboire et d'un saint
sacrement est effectué aux frais du prieur.
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En 1665, une verrerie installée dans la Combe du
Pommier, sur la Route de Rustrel à Sint Christol,
fonctionnera jusqu'à la Révolution et sera le monopole
de la famille de Ferres.
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En 1667, le cadastre enregistre 82 maisons, 96
étables, 45 greniers à foin, 36 remises, 4 cabanons.
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En 1686, on interdit l'entrée des chèvres dans
les bois sous peine d'une amende de 100 livres.
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En 1687, on creuse le puits de la Loge et la refonte
de la cloche de l'église est effectuée moyennant
48 livres au dénommé Lazare.
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En 1688, des députés sont envoyés à Manosque auprès
du prieur au sujet des fondations qu'il a l'intention
d'établir pour l'agrandissement de l'église. Il
s'engage à payer deux tiers des frais de l'église,
et l'autre tiers sera à la charge de la commune.
Sur le bas côté nord une inscription en garde le
souvenir "I.A. 1688 Achevée 1690 LA De Villemus".
La porte actuelle date de cette époque.
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En 1689, la refonte de la cloche de l'église est
de nouveau effectuée.
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En 1690, l'agrandissement de l'église est terminé
et elle est livrée au culte.
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En 1691, la nef droite de l'église est pavée.
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En 1692, l'artisanat est prospère à Saint Christol
et on dénombre 2 maçons, 3 maréchaux, 4 tailleurs,
1 cordonnier, 4 revendeurs, 2 tisseurs de toiles,
9 tisseurs de draps et 7 hoteliers.
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En 1695, on creuse un puits au Seuil.
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XVIIIème siècle :
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En 1703, le Comté de Sault échoit à Louis Nicolas
de Neufville, duc de Villeroy.
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En 1709, un "bureau de charité" est ouvert
par l'évêque d'Apt et sera remplacé plus tard par
un "bureau de bienfaisance".
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En 1712, la boucherie est tenue par un dénommé
Gaspard et le prix de la viande est réglementé.
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En 1715, une transaction interdit de faire de la
ramée pendant 10 ans sur toute l'étendue du terroir
où il y a des chênes.
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En 1716, il est interdit de faire des fagots dans
les bois.
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En 1718, les récoltes sont ravagées par la grêle.
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En 1719, on réquisitionne des hommes pour la ligne
du Comtat surement à cause de la peste.
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En 1722, on brade les moutons victimes de la contagion
et une horloge est achetée pour l'église au prix
de 89 francs.
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En 1725, le village est envahi par des hommes armés
qui s'introduisent dans les maisons, ce qui donn
elieu à une levée de soldats pour la milice.
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En 1726, il est procédé de nouveau à la refonte
de la grosse cloche de l'église.
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En 1727, le cadastre enregistre, en supplément
du cadastre de 1667, 28 écuries, 2 grangeries.
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En 1732, il est procédé à la réparation du clocher
et de l'église.
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En 1734, on creuse le puits de la Mèse et on nettoie
ceux de la Loge et du Puits Neuf. IL est décidé
que le maître d'école touchera 108 livres pour remonter
l'horloge et sonner les cloches.
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En 1741, un acte de bail autorise Monsieur de Ferres
à prendre du bois dans les forêts du seigneur pour
alimenter sa verrerie ; ceci va ravager les forêts
du plateau et être la cause de protestations
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En 1749, une ordonnance relative à la mesure des
étoffes produites dans les fabriques de draps et
de laine du village est promulguée.
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En 1753, la maréchaussée d'Apt est appelée pour
contenir les moissonneurs qui insultaient les ménagers.
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En 1759, il est décidé de l'interdiction de la
part de l'évêque d'Apt d'aller en procession à Ferrassières
le jour de la Saint-Julien.
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En 1760, il est procédé à la nomination d'un enterre-mort
et d'un campanier et à la fourniture de cierges
à la confrérie.
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En 1790, Saint Christol est rattaché au district
de Forcalquier. Des élections ont lieu mais seuls
votent les citoyens actifs, c'est-à-dire ceux qui
paient une contribution égale à trois journées de
travail évaluées à 3 livres.
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En 1791, la dime est supprimée et l'esprit révolutionnaire
gagne les montagnes, les passions s'exaspèrent,
le trouble et le désordre s'installent. Un décret
place tous les biens du clergé à la disposition
de la nation.
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En 1792, un anticléricalisme farouche et l'esprit
de révolte s'installent.
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Le 25 juin 1793, la convention crée le département
de Vaucluse, formé d'Avignon, du Comtat-Venaissin,
de la Pirncipauté d'Orange, de la Vigérie d'Apt
et du Comté de Sault.
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En 1794, le port de la cocarde est obligatoire,
les citoyens chantent des hymnes patriotiques les
jours de décadi (jours chômés dans le calendrier
républicain). "Saint Christol" s'appelle
désormais "Mont Christol".
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En 1795, l'hiver est rigoureux et la famine règne.
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XIXème siècle :
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En 1814, les portes et fenêtres sont taxées, ce
qui implique la réduction de leur nombre que l'on
peut encore constater sur les anciennes batisses
du village.
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En 1827, le cadastre "napoléonien" est
achevé.
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En 1830, on dénombre 700 habitants à l'état civil.
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En 1833, le choléra sévit dans le village et entraine
un certain nombre de décès.
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En 1846, le nombre d'habitants s'élève à
641 dont la plupart sont exploitants agricoles.
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En 1850, 42% de la population sait lire et écrire.
De nouvelles cultures sont implantées pour éviter
l'exode des agriculteurs (pommes de terre, trèfle
incarnat, mûirers pour l'élevage de vers à soie,
châtaigniers...). L'exploitation intensive des chênes
pour les traverses de chemins de fer privent les
animaux de glands.
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En 1860, l'équilibre naturel est rompu et la misère
commence à régner.Des ateliers de charité sont créés
où les pauvres sont employés à l'élargissement des
chemins vicinaux.
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En 1876, la courbe démographique est a son niveau
le plus bas et le prix du blé, principale ressource,
chute dangereusement.
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En 1882, l'enseignement primaire devient gratuit
mais les enfants de pauvres ne fréquentent pas assidument
l'école, étant plus souvent employés pour les travaux
agricoles.
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En 1888, le bâtiment de l'école (maintenant utilisée
pour la mairie) est construit et son coût est autofinancé
par la vente de 37 hectares de bois communaux.
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XXème siècle :
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En 1907, on dénombre 473 habitants dont des métiers
les plus divers (2 bouchers-charcutiers, 3 boulangers,
6 cafetiers, 1 marchand de chaussures, 3 coiffeurs,
2 cordonniers, 3 couturières, 4 épiciers, 1 menuisier,
3 marchands d'oeufs...).
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En 1909, l'église est classée monument historique
et la source du Brusquet est captée et canalisée.
La ligne de transport en commun "Sault-Saint
Christol-Apt" en voiture à cheval est créée
et passe par la Combe du Pommier.
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En 1911, on dénombre 486 habitants dans le village.
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En 1914, la première guerre mondiale éclatant,
les chevaux et mulets, utilisés pour les travaux
des champs, sont réquisitionnés pour l'effort de
guerre et la crise de main-d'oeuvre se fait douloureusement
ressentir.
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En 1918, on dénombre 84 enfants du village tombés
au champ d'honneur durant la guerre et ceux qui
en reviennent découvrent leurs exploitations agricoles
désorganisées et ruinées. Les moyens de transport
se répandent et rompent l'isolement du plateau.
La culture de la lavande évite l'exode rurale déjà
très engagée.
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En août 1944, au cours de sévères combats qui opposèrent
les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) à l'armée
allemande, la ville de Sault et les villages environnants
souffrirent de terribles représailles.
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En 1965, le Plateau d'Albion est choisit par le
gouvernement pour base de sa Force Aérienne Stratégique
(FAS) et d'implantation des missiles Sol Sol Balistiques
Stratégiques (SSBS) et du 1er Groupement de Missiles
Stratégiques (1er GMS) sur une zone de 800 .
Le grand secret commence !
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Entre 1966 et 1972, les grands travaux de construction
commencent. Les routes sont élargies, les carrefours
agrandis et redessinés, le revêtement est refait
et sera entretenu durant les 30 ans de présence
de l'Armée de l'Air. L'adduction d'eau venant de
la Durance est réalisé grâce à 2 stations de pompage
pour atteindre un réservoir situé dans la Montage
de Lure à une altitude de 1070 mètres d'où elle
s'écoule par gravité dans 18 communes. L'économie
locale se porte bien malgré beaucoup de réticences
dues à la présence du nucléaire.
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Entre Le 2 août 1971 et le 16 septembre 1996, une
veille permanente est effectuée par les "Sentinelles
de la Paix" . Saint Christol d'Albion devient un
des endroits les plus secrets de France ( ).
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Le 16 février 1996, le gouvernement décide l'arrêt
du système d'armes SSBS.
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En décembre 1997, les derniers étages propulsifs
des missiles quittent le Plateau d'Albion et les
travaux de démantèlement continuent.
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Le 26 février 1998, la dernière tête nucléaire
quitte le plateau.
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A l'été 1999, l'Armée de l'Air quitte la Base Aérienne
pour laisser place au 2ème Régiment Etranger de
Génie (2ème REG) de la Légion Etrangère, au service
des écoutes de la DGSE, à une section cynophile
et à divers services de l'Armée Française.
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En juin 2000, une épicerie est créée par la restauration
de deux granges situées sur Le Cours afin d'offrir
un point d'alimentation aux habitants du village.
Par contre, de toutes les sommes phénoménales obtenues
pour le Plan de Reconversion du Plateau d'Albion
et de l'économie locale, la municipalité n'a pas
créé grand chose d'autre.
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XXIème siècle : Saint-Christol d'Albion est
prêt pour affronter l'avenir des siècles !
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