84390 SAINT CHRISTOL D'ALBION


Histoire

Blason de Saint Christol d'Albion

"De gueules au sautoir d'or chargé en coeur d'un écusson d'azur au saint Christophe d'argent, au chef cousu d'azur chargé de trois vires de deux pièces d'argent."

Dans ces armoiries qui sont parlantes par l'écusson, on a évoqué en outre, par le sautoir, le prieuré dépendant de l'abbaye bénédictine de Saint-André de Villeneuve, et par le chef, les cercles concentriques de l'autel roman, qui symboliseraient en canons de fontaine, les trois sources des vertus théologales : foi, espérance et charité.

Etymologie : A l'époque préromaine, le pays était le siège de la peuplade des "Albici". Leur territoire s'étendait jusqu'aux portes de Sault et le chef-lieu était soit Riez, soit Albiosc qui conserve le nom de cette peuplade dans sa forme grecque.

L'appellation "Albion" se retrouve dans tous les textes médiévaux et désigne donc la région qui s'étend de la montagne de Lure à la montagne de Lagarde. ce terme est utilisé sur le plateau durant tout le Moyen-Age. La racine pré-indo-européenne "Alb/Alp" signifie "montagne" et ce mot est à l'origine des mots "Alpes", "Alpilles" et bien sûr "Albion". Cette même racine celto-ligure entre dans la composition du dieu "Mars Albiorix", divinité alpestre symbolisant la haute montagne. Une stèle au dieu topique fut découverte sur le territoire de la commune au XIXème siècle.

Le nom de Saint Christol vient du fait que dans le Midi, ce nom a été donné très tôt dans le haut Moyen Age aux paroisses qui se trouvaient sur les limites de trois évêchés (Apt, Carpentras et Sisteron). Le blason actuel de Saint Christol réunit tous les Saint-Christolains autour d'un symbole unique.

Temps forts de l'histoire du village : Voici, en résumé, les points les plus marquants de l'histoire du village :

  • Epoque préhistorique : Le plateau est couvert d'immenses forêts et, à priori, sans habitats fixes contrairements aux autres vallées environnantes. Mais, dès le paléolithique, les hommes s'installent dans les grottes de la Nesque (notamment au Baou de l'Aubésier), puis au néolithique et à l'âge du bronze, la vallée se peuple de plus en plus.

  • Epoque préromaine : Le plateau est le siège de la peuplade des "Albici". Le défrichement est effectué par les Gallo-Romains. Sur une colline située à 4 kilomètres au nord-ouest du village, sur lieu dit "Villa de Saint-Just", de nombreux tessons et une inscription votive ont été découverts en 1866. De même, au lieu dit "Villa du Coulomb" situé entre la ferme du Coulomb (zone militaire) et le Grand Trou, on a découvert une citerne gallo-romaine, des céramiques sud-gauloises et des monnaies et à la ferme de la Loge, on a découvert des sépultures gallo-romaines.

  • Moyen Age : Devant les invasions barbares, ses habitats sont abandonnés par leurs occupants.

    • En 576, les Lombards saccagent la Haute-Provence, et un siècle plus tard, ce sont les Sarrazins qui procèdent à des pillages. La forêt reprendra ses droits jusqu'au XIème siècle.

    • En 1082, les moines de Cluny fondent le Revest et on assiste au renouveau des villages de Saint Trinit, Ferrassières et Saint Christol. Les d'Agoult vont régner désormais sur le pays d'Apt et de Sault et confient la gestion du pays aux moines bénédictins de Saint André de Villeneuve d'Avignon qui défrichent de nouveau les terres du plateau.

    • En 1096, Agoult et Simiane partent en croisade à la suite d'Urbain II. Ils confient aux bénédictins de Saint-André de Villeneuve d'Avignon, la gestion et le développement du plateau dont ils avaient la charge.

    • En 1119, les moines bénédictins élèvent l'église et défrichent les alentours.

  • XIVème siècle :

    • En 1381, Raymond d'Agoult lègue Saint Christol à Briande d'Agoult (comtesse de Luna dite Sénébrune) qui n'a qu'une fille qui se marie au roi d'Aragon et laisse ses biens à Martin, roi de Sicile, son petit-fils.

    • En 1391, Raymond de Turenne, un languedocien qui prétendait que le pape Clément VII l'avait privé de terres et de revenus, arme une troupe de voleurs et d'assassins et ravage le pays en brûlant les maisons et en rasant l'église sauf l'abside.

  • XVIème siècle : Les guerres de religion divisent la France en deux camps et dégénèrent en guerres politiques et civiles qui durent une trentaine d'années.

    • En 1546, le Revest d'Albion fait construire des remparts pour se protéger des pillages ; Saint Christol ne l'ayant pas fait est dévasté et pillé.

    • En 1561, Charles IX réunit à la Baronnie de Sault, tous les fiefs et arrières fiefs possédés par le Seigneur d'Agoult dont Saint Christol d'Albion fait partie et érigea cet ensemble en Comté.

    • En 1588, une verrerie est installée dans le château ; elle durera jusqu'en 1630.

    • En 1599, les consuls de Saint Christol ont 6000 écus de dettes de guerre à payer et le village se retrouve dans une grande misère morale et matérielle.

  • XVIIème siècle : De l'avènement d'Henri IV à la Révolution, le village va reconnaitre un développement et une prospérité bien mérité.

    • En 1613, à la mort de Chrétienne d'Aguerre, veuve de François d'Agoult, le Comté de Sault passe à la famille d'Agoult à celle de Créquy-Lesdiguières.

    • En 1618, le village possède son école et le maistre d'école est rémunéré 6 écus par an. Un chirurgien est présent dans le vilage et est chargé "de raser et de faire le poil, poser les ventouses, faire les saignées...". Une sommation du prieur de lever la dîme sur les agneaux est décrétée.

    • En 1619, il est défendu d'aller avec les cochons dans certains quartiers de la forêts afin d'éviter les destructions du patrimoine forestier.

    • En 1624, deux moulins fonctionnent dans le village, l'un à vent, l'autre mû par des chevaux.

    • En 1636, un notaire s'installe à Saint Christol jusqu'en 1688.

    • En 1644, Il est ouvert 6 fenêtres sur l'église et un clocher en pierre de taille pour trois cloches est construit.

    • En 1651, un procès éclate entre la commune et le prieur au sujet du paiement d'un prédicateur.

    • En 1652, l'achat d'un saint ciboire et d'un saint sacrement est effectué aux frais du prieur.

    • En 1665, une verrerie installée dans la Combe du Pommier, sur la Route de Rustrel à Sint Christol, fonctionnera jusqu'à la Révolution et sera le monopole de la famille de Ferres.

    • En 1667, le cadastre enregistre 82 maisons, 96 étables, 45 greniers à foin, 36 remises, 4 cabanons.

    • En 1686, on interdit l'entrée des chèvres dans les bois sous peine d'une amende de 100 livres.

    • En 1687, on creuse le puits de la Loge et la refonte de la cloche de l'église est effectuée moyennant 48 livres au dénommé Lazare.

    • En 1688, des députés sont envoyés à Manosque auprès du prieur au sujet des fondations qu'il a l'intention d'établir pour l'agrandissement de l'église. Il s'engage à payer deux tiers des frais de l'église, et l'autre tiers sera à la charge de la commune. Sur le bas côté nord une inscription en garde le souvenir "I.A. 1688 Achevée 1690 LA De Villemus". La porte actuelle date de cette époque.

    • En 1689, la refonte de la cloche de l'église est de nouveau effectuée.

    • En 1690, l'agrandissement de l'église est terminé et elle est livrée au culte.

    • En 1691, la nef droite de l'église est pavée.

    • En 1692, l'artisanat est prospère à Saint Christol et on dénombre 2 maçons, 3 maréchaux, 4 tailleurs, 1 cordonnier, 4 revendeurs, 2 tisseurs de toiles, 9 tisseurs de draps et 7 hoteliers.

    • En 1695, on creuse un puits au Seuil.

  • XVIIIème siècle : 

    • En 1703, le Comté de Sault échoit à Louis Nicolas de Neufville, duc de Villeroy.

    • En 1709, un "bureau de charité" est ouvert par l'évêque d'Apt et sera remplacé plus tard par un "bureau de bienfaisance".

    • En 1712, la boucherie est tenue par un dénommé Gaspard et le prix de la viande est réglementé.

    • En 1715, une transaction interdit de faire de la ramée pendant 10 ans sur toute l'étendue du terroir où il y a des chênes.

    • En 1716, il est interdit de faire des fagots dans les bois.

    • En 1718, les récoltes sont ravagées par la grêle.

    • En 1719, on réquisitionne des hommes pour la ligne du Comtat surement à cause de la peste.

    • En 1722, on brade les moutons victimes de la contagion et une horloge est achetée pour l'église au prix de 89 francs.

    • En 1725, le village est envahi par des hommes armés qui s'introduisent dans les maisons, ce qui donn elieu à une levée de soldats pour la milice.

    • En 1726, il est procédé de nouveau à la refonte de la grosse cloche de l'église.

    • En 1727, le cadastre enregistre, en supplément du cadastre de 1667,  28 écuries, 2 grangeries.

    • En 1732, il est procédé à la réparation du clocher et de l'église.

    • En 1734, on creuse le puits de la Mèse et on nettoie ceux de la Loge et du Puits Neuf. IL est décidé que le maître d'école touchera 108 livres pour remonter l'horloge et sonner les cloches.

    • En 1741, un acte de bail autorise Monsieur de Ferres à prendre du bois dans les forêts du seigneur pour alimenter sa verrerie ; ceci va ravager les forêts du plateau et être la cause de protestations

    • En 1749, une ordonnance relative à la mesure des étoffes produites dans les fabriques de draps et de laine du village est promulguée.

    • En 1753, la maréchaussée d'Apt est appelée pour contenir les moissonneurs qui insultaient les ménagers.

    • En 1759, il est décidé de l'interdiction de la part de l'évêque d'Apt d'aller en procession à Ferrassières le jour de la Saint-Julien.

    • En 1760, il est procédé à la nomination d'un enterre-mort et d'un campanier et à la fourniture de cierges à la confrérie.

    • En 1790, Saint Christol est rattaché au district de Forcalquier. Des élections ont lieu mais seuls votent les citoyens actifs, c'est-à-dire ceux qui paient une contribution égale à trois journées de travail évaluées à 3 livres.

    • En 1791, la dime est supprimée et l'esprit révolutionnaire gagne les montagnes, les passions s'exaspèrent, le trouble et le désordre s'installent. Un décret place tous les biens du clergé à la disposition de la nation.

    • En 1792, un anticléricalisme farouche et l'esprit de révolte s'installent.

    • Le 25 juin 1793, la convention crée le département de Vaucluse, formé d'Avignon, du Comtat-Venaissin, de la Pirncipauté d'Orange, de la Vigérie d'Apt et du Comté de Sault.

    • En 1794, le port de la cocarde est obligatoire, les citoyens chantent des hymnes patriotiques les jours de décadi (jours chômés dans le calendrier républicain). "Saint Christol" s'appelle désormais "Mont Christol".

    • En 1795, l'hiver est rigoureux et la famine règne.

  • XIXème siècle : 

    • En 1814, les portes et fenêtres sont taxées, ce qui implique la réduction de leur nombre que l'on peut encore constater sur les anciennes batisses du village.

    • En 1827, le cadastre "napoléonien" est achevé.

    • En 1830, on dénombre 700 habitants à l'état civil.

    • En 1833, le choléra sévit dans le village et entraine un certain nombre de décès.

    • En 1846, le  nombre d'habitants s'élève à 641 dont la plupart sont exploitants agricoles.

    • En 1850, 42% de la population sait lire et écrire. De nouvelles cultures sont implantées pour éviter l'exode des agriculteurs (pommes de terre, trèfle incarnat, mûirers pour l'élevage de vers à soie, châtaigniers...). L'exploitation intensive des chênes pour les traverses de chemins de fer privent les animaux de glands.

    • En 1860, l'équilibre naturel est rompu et la misère commence à régner.Des ateliers de charité sont créés où les pauvres sont employés à l'élargissement des chemins vicinaux.

    • En 1876, la courbe démographique est a son niveau le plus bas et le prix du blé, principale ressource, chute dangereusement.

    • En 1882, l'enseignement primaire devient gratuit mais les enfants de pauvres ne fréquentent pas assidument l'école, étant plus souvent employés pour les travaux agricoles.

    • En 1888, le bâtiment de l'école (maintenant utilisée pour la mairie) est construit et son coût est autofinancé par la vente de 37 hectares de bois communaux.

  • XXème siècle :

    • En 1907, on dénombre 473 habitants dont des métiers les plus divers (2 bouchers-charcutiers, 3 boulangers, 6 cafetiers, 1 marchand de chaussures, 3 coiffeurs, 2 cordonniers, 3 couturières, 4 épiciers, 1 menuisier, 3 marchands d'oeufs...).

    • En 1909, l'église est classée monument historique et la source du Brusquet est captée et canalisée. La ligne de transport en commun "Sault-Saint Christol-Apt" en voiture à cheval est créée et passe par la Combe du Pommier.

    • En 1911, on dénombre 486 habitants dans le village.

    • En 1914, la première guerre mondiale éclatant, les chevaux et mulets, utilisés pour les travaux des champs, sont réquisitionnés pour l'effort de guerre et la crise de main-d'oeuvre se fait douloureusement ressentir.

    • En 1918, on dénombre 84 enfants du village tombés au champ d'honneur durant la guerre et ceux qui en reviennent découvrent leurs exploitations agricoles désorganisées et ruinées. Les moyens de transport se répandent et rompent l'isolement du plateau. La culture de la lavande évite l'exode rurale déjà très engagée.

    • En août 1944, au cours de sévères combats qui opposèrent les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) à l'armée allemande, la ville de Sault et les villages environnants souffrirent de terribles représailles.

    • En 1965, le Plateau d'Albion est choisit par le gouvernement pour base de sa Force Aérienne Stratégique (FAS) et d'implantation des missiles Sol Sol Balistiques Stratégiques (SSBS) et du 1er Groupement de Missiles Stratégiques (1er GMS) sur une zone de 800 Km2. Le grand secret commence !

    • Entre 1966 et 1972, les grands travaux de construction commencent. Les routes sont élargies, les carrefours agrandis et redessinés, le revêtement est refait et sera entretenu durant les 30 ans de présence de l'Armée de l'Air. L'adduction d'eau venant de la Durance est réalisé grâce à 2 stations de pompage pour atteindre un réservoir situé dans la Montage de Lure à une altitude de 1070 mètres d'où elle s'écoule par gravité dans 18 communes. L'économie locale se porte bien malgré beaucoup de réticences dues à la présence du nucléaire.

    • Entre Le 2 août 1971 et le 16 septembre 1996, une veille permanente est effectuée par les "Sentinelles de la Paix" . Saint Christol d'Albion devient un des endroits les plus secrets de France (Histoire du nucléaire à Saint Christol d'Albion).

    • Le 16 février 1996, le gouvernement décide l'arrêt du système d'armes SSBS.

    • En décembre 1997, les derniers étages propulsifs des missiles quittent le Plateau d'Albion et les travaux de démantèlement continuent.

    • Le 26 février 1998, la dernière tête nucléaire quitte le plateau.

    • A l'été 1999, l'Armée de l'Air quitte la Base Aérienne pour laisser place au 2ème Régiment Etranger de Génie (2ème REG) de la Légion Etrangère, au service des écoutes de la DGSE, à une section cynophile et à divers services de l'Armée Française.

    • En juin 2000, une épicerie est créée par la restauration de deux granges situées sur Le Cours afin d'offrir un point d'alimentation aux habitants du village. Par contre, de toutes les sommes phénoménales obtenues pour le Plan de Reconversion du Plateau d'Albion et de l'économie locale, la municipalité n'a pas créé grand chose d'autre.

  • XXIème siècle : Saint-Christol d'Albion est prêt pour affronter l'avenir des siècles !


^ HAUT DE PAGE